Je m'appelle Newmera Atkinwood, je suis née dans le monde du haut, sur la plateforme de Londres, d'une mère rajeunie mais qui a tout de même eu la chance de ne pas être stérile. Mon père est le scientifique le plus prisé de Londres, le chef de Biotechn ainsi que le sénateur de la plateforme, autant dire que chez les Atkinwood, nous ne manquons pas d'argent. Non, je m'y prends mal, je devrais plutôt vous conter ma vie telle que je la connais, mais aussi telle qu'elle m'a été cachée. Commençons par ce que je sais...
Ma vie telle que je la connais ...
Si je devais choisir un mot pour qualifier ma jeune vie, je dirais «oubli». Mon existence est faite d'oublis, je ne me souviens plus de mon enfance, des moments heureux que j'ai eu avec mes parents, des chamailleries que j'ai pu avoir avec ma soeur, ou même de mon père me grondant parce que j 'avais dessiné sur les murs de l'appartement, ou encore des amis que j'aurais pu avoir... tout ce que je sais de mes dix premières années, je l'ai appris de mes parents qui parlaient parfois de mes exploits de petite fille. Je ne me focalise pas sur ce point, la mémoire est un système compliqué qui nous joue des tours comme dirait mon père, et pas même lui ne saurait voir tous les trésors que cachent le cerveau humain. Enfin, toute l'explication ne vient pas des aléas de la mémoire, mais de ce que j'ai vécu lors de ma dixième année, la chute que je fis dans les escaliers. Mon père m'a raconté que j'étais si mal tombée qu'ils pensaient que je serais handicapée, et miracle, je marche, je pense, le seul handicap est cette amnésie qui a rongé mon jeune passé.
De ce que je me souviens, depuis toujours je suis admirative de mon père, il a su se montrer digne de la science, digne de son savoir, et grâce à lui, des centaines de gens évitent la mort en rajeunissant. Chaque exploit de mon père est une gloire pour moi et ma famille. C'est en comprenant tout le bien que je pouvais procurer à la société que je me suis dis «je veux marcher dans les pas de mon père ». Avant même d'entrer en classe lycéenne, mon projet d'étudiante était déjà défini, je voulais devenir une scientifique, et rien ne pouvait me faire changer d'avis. Pourtant, ma mère semblait désapprouver ce choix, et au fil des années, elle devint plus déterminée à vouloir me faire changer de plans. Je me souviendrais encore de cette discussion houleuse que nous avons toute les deux eue à ce sujet :
« Mais pourquoi non ? Papa est un scientifique, et ça ne te dérange pas puisque tu es mariée avec lui ! »" Ce n'est pas la même chose ma chérie, tu es la fille du plus grand scientifique, les gens exigeront beaucoup de toi, tu n'auras pas droit à l'échec, et quand bien même tu serais brillante, ils te compareraient toujours à ton père. "Encore l'un de ces discours où j'avais la nette impression qu'elle me rabaissait. Ma mère n'avait pas foie en mes compétences, elle me sous estimait. C'est à partir de ce jour que je ne vivais avec ma mère que les simples convenances en évitant au possible les conversations qu'elle pourrait avoir avec moi, à quoi bon si elle ne croyait pas en moi, bien que je sais que dans le fond, elle n'avait pas tort, toute ma vie je resterais dans l'ombre de mon père. Peu importe, je ne cherche pas la célébrité ou la reconnaissance, et même si je devais ne pas pouvoir faire de la recherche, j'espérais mettre mon service au devoir de la science.
Mes études se passaient bien, j'étais bonne élève, j'avais des amis de mon âge, naturellement ou grâce au rajeunissement, ce qui n'avait pas beaucoup d'importance à mes yeux, c'était tout à fait normal.
Ce que j'essaie finalement de cacher depuis plusieurs années, ce sont ces rêves étranges et déconcertants qui hantent mes nuits, si réels et si faux dans le même temps. Ma vie est encore plus chamboulée depuis que ces rêves m'assaillent de plein fouet lorsque je suis éveillée. Ce sont comme des malaises, je me sens étourdie, et les images d'une jeune femme brune apparaissent dans ma tête comme si j'avais des sortes de vision, des flashs d'un monde dévasté, ou de cette même femme hurlant de peur en m'appelant, et c'est surement ce qui est le plus étrange. Je me sens si désemparée face à tout ça, et la seule et unique fois que j'en touchai mots à mon père, il m'affirma que c'était le surmenage, et que ces visions n'étaient rien d'autre que mon imagination débordante qui se mêlait à cette fatigue. Je savais qu'il me mentait, mais pour me cacher quoi, je n'en avais aucune idée. Souvent je me suis dis que j'avais peut-être une sorte de tumeur au cerveau.
La seule solution que je trouvai fut d'effectuer des recherches sur cet endroit que je voyais si souvent des mes nuits et mes jours, et ce fut finalement à la brocante que j'en appris le plus. Depuis, c'est une habitude, je m'y rend chaque matin, l'ancien monde est devenu comme une seconde passion avec la science, et face à toute ces choses délabrées, j'ai l'impression de me sentir un peu comme chez moi.
Ma vie telle qu'elle m'est cachée ...
Newmera ne sait rien de tout ce qui suivra, elle ne doit jamais l'apprendre, et puisse sa curiosité l'amener sur un autre chemin. Durant dix ans, la petite fille vécu avec ses deux parents au sein de la communauté des survivants, avec d'autres enfants. Sa mère avait réussi à la cacher, mais déjà si longtemps, ce fut un miracle. Ne voulant pas se détacher de sa fille, les scientifiques employés aux kidnappings l'emportèrent à elle aussi dans le même temps. Pendant que sa fille était préparée pour sa future adoption, la mère subit des tests, et servit finalement de cobaye. Étant trop grande, les familles préférèrent attendre d'avoir un enfant plus jeune, et ce fut finalement le chef scientifique qui ramena à madame Atkinwood, la jeune enfant. L'effaceur de mémoire avait fait son travail, et très vite les parents Atkinwood intégrèrent Newmera à sa nouvelle vie. L'histoire d'une chute qui lui aurait fait perdre la mémoire n'est qu'une couverture pour couvrir leur mensonge.
Aujourd'hui, si sa mère ne veux pas qu'elle étudie la science, c'est dans le soucis qu'elle découvre un jour cette dure vérité.