Tel père, telle fille ? Newmera&Rupert

Les ombres de la nuit se dissipait, allongé sur son lit, sa tête coincé contre l’oreiller, ses jambes le long de son corps, Rupert attendait patiemment que l’alarme de son réveil sonne afin de trouver une bonne raison d’enfin s’extirper du lit conjugal. A ses côtés le corps langoureux de sa femme exaltait une odeur d’agrumes bien trop forte à son goût, un nouveau hobby de cette dernière de se parfumer à outrance avant de se coucher. Tournant légèrement la tête en plissant les paupières, le scientifique observa son épouse, elle était belle, elle l’avait toujours été, son corps était parfait, et depuis son nouveau rajeunissement elle le mettait d’autant plus en valeur. Mais rien n’arrivait à modifier l’opinion qu’il avait d’elle ces derniers temps, dire qu’il ne l’aimait pu aurait certainement été trop fort, on ne se détache pas si facilement de quelqu’un avec qui on a partagé tant dans la vie, mais rien n’était plus comme avant.
La petite alarme stridente se fit entendre. A ses côtés Hortense se mit à grogner en enfonçant un peu plus son corps sous la couette tandis que Rupert sautait déjà dans ses pantoufles, attrapant au passage sa montre qui se trouvait sur la commode.

« - Reste au lit, j’ai un rendez-vous important ce matin. »

Sans plus de formalités, le Gouverneur se dirigea vers sa salle de bain. Laissant l’eau chaude lui arroser le torse et la nuque, Rupert attendit de se sentir complétement revigorer avant d’enfin sortir de la salle d’eau, enroulant une serviette autour de sa taille avant de retourner dans sa chambre, lançant un regard désabusé vers le lit dans lequel Hortense continuait de se prélasser. Choisissant avec soin ses vêtements, optant pour un costume bleu et une chemise blanche sans cravate, il se coiffa et passa sa veste d’intérieur sur les épaules avant de sortir, laissant ses pantoufles blanches claquer au rythme de ses pas.
La dans la salle à manger déjà occupée par Newmera, il vit les quatre bols déjà installés, et un café tout chaud mis à sa disposition par sa petite fille. Sa toute petite fille qui avait tant grandit. Rupert ne pouvait s’empêcher d’observer le visage mure qu’arborait Newmera sans se rappeler des premiers instants qu’il avait passé en sa présence, la tenant au chaud au creux de ses bras, ne cessant de fixer ces grands yeux noirs, son petit nez en trompette et sa bouche rose. Elle était parfaite, depuis le premier jour il l’avait aimé. Il l’avait vu faire ses premiers pas au milieu du salon, il l’avait tenu sur ses genoux pour lui expliquer le fonctionnement de ses doigts et pourquoi il ne fallait pas les mettre dans le nez, il l’avait aidé pour ses premiers exposés de science et emmené au musée, c’était sa fille, malgré tous ce qu’il savait et qu’elle ne savait pas au sujet de son passé.
Embrassant le front de la brunette, Rupert s’assit face à Newmera et trempa ses lèvres dans son bol, comprenant bien vite à la moue de sa cadette qu’elle avait quelque chose à lui demander. Il l’a connaissait par cœur et aurait été capable de parier sur le sujet qu’elle allait aborder, pas qu’elle soit prévisible, mais Rupert savait l’intérêt que la brune portait à la science, et bien qu’il soit particulièrement fier des connaissances et de l’intelligence de Newmera, il ne pouvait s’empêcher de s’inquiéter pour elle et surtout pour la suite et la fin de ses études. En toute logique elle rentrerait dans le département scientifique que dirigeait Rupert et elle aurait bien vite vent de toute la vérité, une vérité qu’il tentait de lui cacher désespérément depuis tellement longtemps qu’il ne savait plus si c’était pour lui ou pour elle qu’il faisait  ça.

« - Newmera, nous en avons déjà parlé. »

Portant soudainement attention à la tablette numérique accrochée à la table de travail de la cuisine, Rupert se leva et la détacha de son support avant de la ramener à table. Les dernières nouvelles de la plateforme s’affichaient et le Gouverneur se força à les lire pour se donner une constance et ne surtout pas montrer son trouble à la jeune fille qui se trouvait toujours face à lui. Apportant à nouveau son café à sa bouche, il lui jeta un regard à la dérobé avant de lui lancer un sourire en coin qui avait tout de la douceur paternel malgré la dureté de son regard.

« - Tu n’aurais pas un examen toi aujourd’hui par hasard ? »

Sachant pertinemment que oui, ce n’était bien sûr que pour changer de sujet de conversation que Rupert abordait la néanmoins importante thématique des études. Il savait Newmera appliquée et studieuse et ne faisait cette réflexion que pour s’enquérir en bon père surprotecteur qu’il était du niveau de stress de sa petite fille.
Entendant quelques pas feutrés passer d’une pièce à une autre avant d’entendre une nouvelle porte claquer, Rupert laissa un nouveau sourire ce dessiné sur son visage presque félin, l’aînée de ses trésors devait juste sortir de ses songes et se traîner d’une pièce à une autre. La table ne tarderait pas à être bientôt occupée par toute la famille Atkinwood, une matinée rare en soit, car il avouait lui-même de plus en plus manquer à cette réunion familiale autour des tartines et des boissons fumantes, mais il savait aussi qu’on ne lui en tenait pas rigueur en raison de ses fonctions, du moins en apparence.

Bloody Storm

Tel père, telle fille ? Newmera&Rupert

Le regard faussement indifférent tandis qu’il continuait de fixer les nouvelles holographiques qui défilaient devant ses yeux, Rupert perçut chez sa fille avant même qu’elle ne parle un vague air mutin qui ne lui était pas inconnu. Newmera n’était pas particulièrement connue pour être la jeune fille la moins curieuse qui existe, et bien au contraire, c’est ce qui faisait certainement que le lien entre Rupert et elle était si fort, il se reconnaissait tellement dans les yeux pétillants de malice de sa petite dernière. Mais allez savoir pourquoi ce matin Rupert sentait que la discussion n’allait pas se porter dans le sens qu’il aurait souhaité. La brunette balaya d’une phrase l’interjection de son paternel, visiblement déjà préoccupée par autre chose.
L’intelligence de Newmera l’avait toujours intrigué et stupéfié, bien que Maureen soit une jeune femme vive d’esprit aussi, leurs manières d’être étaient aussi différentes que les origines de leurs naissances, mais cela bien sûr, ni l’une ni l’autre ne le savaient. Le secret que gardaient leurs parents, et bon nombres d’habitants de la plateforme était parfois pesant, et pourtant rien n’avait encore filtré, il faut dire que Biotechn & co’ s’affairait jour et nuit pour que cela reste ainsi. Le monde du haut était un havre de pays, une oasis de tranquillité et l’avenir de cette planète qui avait sombrée sous les eaux.
Rupert était un être éminent, il était important aux yeux de beaucoup sur cette plateforme londonienne, et si quelques-uns s’affairaient dans l’ombre, mais pas assez pour que cela ne se sache pas, afin de le destitué, il n’y avait pourtant rien qui compta plus au monde aux yeux d’acier du scientifique, que sa famille, aussi brinquebalante soit-elle depuis quelques temps, ses filles étaient son trésor le plus précieux, et il aurait bien été capable de mettre à feu et à sang la terre pour elles. Mais parfois l’esprit et leur cœur ne prennent pas le même chemin, et Rupert ne savait que trop bien que l’âme de Newmera n’était pas de celle qui s’efface.
Et puis ce fut un nom. Un simple nom qui soudainement fit perdre le fil de sa pensée à Rupert. Il n’aimait pas beaucoup que sa cadette lui parle de ses connaissances sur lesquels il n’avait aucune emprise, mais lorsqu’elle mentionna Oona Thompson, son cœur sembla manquer un léger battement. Pourquoi fallait-il que le destin réunisse les morceaux du puzzle plus vite qu’il ne mettait de temps à les dissimuler.
Mais les paroles de Newmera n’engageaient en rien une idée concernant la réelle relation qu’avait entretenue son père avec la jeune femme, et c’était tant mieux.
Imperceptiblement le visage du scientifique se durcit tandis que ses yeux balayaient les mots sans rien y lire.

« - Tu passes beaucoup de temps avec Kendra … »

La voix de Rupert semblait douce comme une caresse mais laissait poindre une once de ressentiment. Il ne savait pas de quoi la jeune femme était capable, et il avait l’impression de connaître de moins en moins bien de quoi était capable Newmera, comme si le monde d’adulte qui s’ouvrait à elle la séparait jour après jour de lui.

« - Je me souviens de Oona Thompson. »

Prononcer son nom ainsi sans sa propre maison lui semblait soudainement irréel. Comment Newmera pourrait-elle comprendre ? Comment accepterait-elle la nouvelle ? Non elle ne le saurait jamais, il ne fallait pas qu’elle sache, et ce n’était certainement Oona qui allait cracher le morceau, elle-même n’étant plus au courant de sa propre histoire.

« - Une femme appréciable, il me semble qu’elle aspirait à d’autres perceptives. Je peux la comprendre, il n’y a que des fous pour rester enfermé dans un laboratoire jours après jours. »

Un rire imperceptible se fit entendre et Rupert lâcha l’hologramme pour tendre la main vers sa tasse de café, l’apportant à ses lèvres tandis que ses yeux se posaient sur le doux visage de Newmera, espérant y lire chez elle aussi un sourire.

« - Au lieu de t’occuper des autres, tu ferais mieux de te concentrer sur ce que tu as vraiment envie de faire. »

Plus qu’un conseil de père, Rupert espérait à nouveau dévier la conversation afin que sa cadette n’approfondisse pas le malaise lattant qui prenait possession de lui en cet instant, et qu’elle ne pouvait remarquer que par le léger tressautement de la lèvre supérieur du gouverneur.

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