Le monde courait à sa pertes, l’humanité ne cessait de se regarder le nombril, allant au travail se pressant les uns contre les autres, accrochés à leurs téléphones portables, ne faisant plus attention à ce qui se trouvait sous leur nez, la misère, la faim, les guerres, la famine, et la transformation de la planète qui leur prêtait accueil.
Rupert avait observé cela, souvent assis à sa petite table du fish and chips miteux où il allait depuis le début de ses études scientifiques. C’était une mauvaise habitude, mais il ne passait jamais un vendredi après-midi sans son grand verre de milkshake au café, beaucoup trop gras, et de son petit plat frit qu’il assaisonnait de citron en abondance, lisant le journal avec avidité, profitant de ce moment de répit loin de toutes les fioles, de tous les dossiers et du stress que lui incombait ses nouvelles charges. Car Rupert Atkinwood n’était pas un citoyen comme les autres, il était de ceux qui savaient pourquoi le ciel se recouvrait ainsi de plateformes étranges, car il était de ceux qui avaient tiré l’alarme sur la situation catastrophique de cette planète.
La Terre était malade, contaminée par l’humanité, Rupert en était persuadé, il le ressentait tous les jours, et ce cynisme là l’habitait depuis toujours. L’humanité méritait-elle d’être sauvée, il aurait pu être bien catégorique mais le scientifique n’a jamais eu ce qu’on pouvait appelé un cœur de glace, et il accepta l’idée que la perfection ne pouvait habité tout homme, chacun ayant leurs faiblesses, la plus grande de toute étant d’accepter de ce voir pourrir par le vieillissement dont il subissait lui-même les affres, et la mémoire, un trou noir dans lequel s’amasse tout votre passé, autant d’armes que l’on peut retourner contre vous, autant de joies et de souffrance que l’on collectionne, jusqu’à parfois en devenir fou.
C’est pourquoi ces deux domaines, le vieillissement cellulaire et la mémoire active furent les sujets d’études qui passionnèrent le plus Rupert et dont il devint incontestablement le plus grand chercheur de tous les temps, répondant aux peurs de l’humanité et apportant une solution aussi radical qu’efficace. Mais son rôle dans le domaine de la science ne s’arrêta pas là, car Rupert poussa plus loin ses théories, allant jusqu’à les mettre en pratiques sur l’homme avec succès, faisant de lui un homme plus riche encore que ce qu’il n’était déjà, pourtant héritier de la célèbre famille de noble les Atkinwood.
La Terre était finie, il pouvait dire à dieu à tous ses souvenirs, à ce sol foulé et chéri, tous ses endroits dépérissant qu’il n’aurait jamais la force de sauver, regardant l’eau engloutir Londres sous ses yeux. Et le reste de l’humanité ? Qui s’en souciait ? Plus lui, il avait tout fait pour les prévenir, personne ne semblait écouter. Ayant sauvé sa femme et ses proches, plus rien ne lui importait à présent, et la nouvelle de survivants dans le monde du bas ne vint que l’irriter d’autant plus. Les hommes restés sur Terre et leur descendance n’étaient que de la vermine qui avait contribué à la disparition de leur terre d’accueil, ils ne faisaient que mériter ce qui leur arrivait. Qu’ils vivent dans la crasse et la soumission lui importait peu. Sur la plateforme il avait une femme, une magnifique petite fille, tout aurait pu continuer ainsi indéfiniment, et pourtant, sa haine et son mépris à l’égard du monde du bas changeant, lorsqu’il posa sur l’un des descendants de ce peuple des eaux, un adorable petit bébé qu’il recueillit et éleva comme sa propre fille aux côtés de sa femme si chérie et de son autre fille de sang, les êtres les plus précieux, décidant de lui cacher pour son bien ses origines.
Et la vie repris son cours, car rien n’est plus puissant que la volonté de vivre, autant sur la plateforme que sur terre.
Pensif, regardant par la grande bais vitré de son riche appartement, Rupert se demande de plus en plus souvent si tout cela aurait pu se passer autrement, mais aucune réponse ne lui vient à l’esprit, et que peut-il faire aujourd’hui. Il fut le premier d’une longue ligné, il connait tous les secrets, et malgré la jeunesse de son corps, son esprit affûté par tant d’années de recherches et d’étude commence à se complaire dans l’idée que la perfection ne peut jamais être attend. Lui-même, qui aurait tant aimé être un exemple pour tous. Etre cette perfection tant représenté depuis l’antiquité, tant recherché, ne peut aujourd’hui avouer sans rougir qu’il ne possède aucun travers. Car l’homme est l’homme, et lui malgré la brillance de son esprit, se rend compte qu’il n’échappe à aucune des règles de la vie.

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