"7202035011904". Quand je regarde l'intérieur de mon poignet j'ai l'impression d'être un numéro, comme les prisonniers avant dans les prisons. Mais ces chiffres là signifient bien quelque chose même si je me demande si mes parents n'avaient pas trop bu l'eau de mer. Je suis né à 7h20 le 119ème jour de l'année 2035. C'est cela qu'il faut décrypté mais les gens ne s'attardent pas sur les choses étranges. C'est juste un tatouage, une énigme gravée sur ma peau qui a grandit avec moi.
Mes parents ont survécu au naufrage de la Terre, chanceux ou non de la deuxième vie qui leur avait été donné. Lorsque ma mère a apprit qu'elle était enceinte, elle avait eu peur de se faire enlever son bébé comme les autres femmes. Elle voyait dans quel état elles finissaient, les yeux dans le vague levé vers le ciel, sur cette plate forme qui avait enlevé la chair de leur sang. Elle ne voulait pas finir ainsi et avait essayé avec un couteau de me tuer, moi qui n'était qu'un petit foetus dans son ventre et qui n'avait rien demandé à personne. Mais elle en fut incapable et avec le soutien de mon père ils allèrent se cacher dans le sous sol d'un vieux bâtiment détruit bouffé par la poussée de la végétation abreuvé.

Et je naquis. Dans l'ombre, dans l'obscurité seulement éclairé par le feu des flammes. Je n'avais pas le droit de sortir, ma seule compagnie était mes parents et leurs histoires. Les dessins qu'ils gravaient sur les murs pour ne pas oublier ce monde qui avait disparus. Les animaux, les monuments, les populations des différents pays. ma vie était résumé à une pièce jusqu'à mes dix ans. Malgré leur amour je grandissais mal. Je n'avais jamais vu la lumière du soleil, j'étais un enfant capricieux, grognon et je tapai. Je tapai dans ce mur qui ne voulait pas s'effondrer. J'avais essayé plusieurs fois de sortir en douce mais ma mère et mon père arrivait toujours à m'arrêter.

Et puis un jour, pendant que mes parents dormaient je réussis à sortir, prenant un couteau avec moi au cas où. La lune se dressait dans le ciel. Elle était belle, elle était ronde comme une balle. Et j'avais l'impression qu'en grimpant je pourrais l'atteindre. Je ne sais pas combien de temps je restai dehors mais je fis demi-tour, et retourna à l'intérieur comme si rien n'était.
Tous les soirs je me glissai depuis lors dehors, admirant la lune, qui bizarrement n'était plus ronde.

L'année de mes 15 ans, une secousse nous surpris pendant le repas et main dans la main nous nous précipitions vers la sortie. Sous nos yeux notre foyer s'écroulait, attaqué par une énorme racine qui s'en fichait éperdument devenir pousser sur notre maison. Nous n'avions plus rien, il n'y avait plus que nous trois. Nous n'avions pas d'autres choix que de trouver un autre endroit. La peur de me perdre saisissait à nouveau ma mère qui ne me lâchait plus.
Pendant des jours nous avons marchés, marchés et marchés sous la chaleur du soleil. Se reposer sous la lumière de la lune. Lorsque nous trouvions de la nourriture, majoritairement des fruits, tout allait pour moi quasiment. Je voyais ma mère dépérir, elle si belle était devenue le visage de la peur et de la mort. Elle nous quitta un matin, malgré les appels de mon père. Nous n'étions plus que deux. Ensemble nous l'avons emmené dans la profondeur des eaux.

Mon père et moi avons continué la route jusqu'à finalement voir la vie nous sourire. Là bas, tout au fond, une fumée dansait dans le ciel. Nous n'avions jamais autant marcher aussi vite de notre vie. Mieux que notre foyer, se dressait face à moi des maisons. Il y avait aussi des personnes de mon âge, de celle de mon père, des plus jeunes. La population. Notre vie fut alors radicalement changé.

La vie m'était enfin offerte, et sans aucune pudeur j'y mordais à pleine dent. Découvrant les courbes féminines si différents de celle de ma mère. L'alcool aux douces saveurs qui me faisaient tourner la tête. C'est ainsi que je grandissais, nageant dans cette vie qui coulait sur ma peau. Mon père s'en sortait beaucoup moins bien. Il avait chopé une saloperie et se retrouvait alité. Le médecin ne savait pas combien de temps encore il avait à vivre.

Et puis il y eut ce jour. Des hommes différents de ce du village avaient atterris, pas d'un avions ou d'un hélicoptère, non, d'une sorte de boîte. C'était les kidgnappeurs. Pendant 10 ans je n'en avais jamais vu d'aussi près. C'était eux qui avait tué ma mère, gravé la peur dans son sang. Je sentais le couteau de mon enfance attaché à ma ceinture me brûler et dans un mouvement incontrôlable m'en saisir. Sortant de ma cachette je tombai sur l'un d'entre eux, la lame s'enfonçant dans sa gorge.

- Ca c'est pour ma mère !

Rapidement je ne fus plus seul, pourtant je les auraient bien tous charcutés ces sales fils de pute. Les résistants, ceux qui protégeaient et visait à détruire le monde d'en haut. Je fus traité d'inconscient, d'idiot et de toutes autres formes de gentillesse.

- Son sang à fait mourir ma mère comme il le fait avec votre peuple, ma vengeance m'était offerte je l'ai prise

Je rentrais alors chez moi, essuyant la mort sur les murs. Je rejoignis mon père allongé dans son lit. Il me sourit, je lui souris. Les yeux dans les yeux, je peux lire tous son amour et sa gratitude. Son sang coule sur ma main figé dans son ventre. Des larmes coulent sur mon visage et d'une main tremblante mon père les essuient.

- Ta mère...serait fière de toi...

Ses yeux se ferme doucement et son dernier souffle s'évapore dans la chambre. Je me retrouva seul, nous étions trois nous ne sommes plus que un. Je retirai doucement le couteau et l'essuyait sur le drap. J'embrassai le front de mon père et me redressai pour l'acte final.
Je fixai ce tatouage sur mon poignet, créé par mes parents. Un coup de lame et le sang se déversait. Si rouge si beau, colorant le sol encore là. Je reculai en titubant, me laissant tomber sur le vieux fauteuil poussiéreux. Ma vue se floutait et alors que je plongeai dans l'abime il me sembla entendre des pas. Etait ce la mort qui venait ?

La vie coulait toujours en moi, je le sentais dans le bout de mes orteils. Mon poignet me faisait mal, encerclé par des pansements. J'entendais des voix mais mon cerveau ne traduisait pas. Une seule phrase passa au travers.

- Si vous tenez tant à mourir, faites le au profit des autres

Je ne savais pas pourquoi mais ces mots étaient devenus ma vie. Dès ma sortie de l’hôpital je me consacrai à lutter, pas pour ma vie, mais pour celle des autres villageois. Je rentrai dans la résistance, m'entraînant pour devenir ce que mes parents appelaient à l'époque " un flic". Ces connards de là haut n'en auront bientôt plus pour très longtemps, John Cooper est contre vous.
   

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