Le soleil acculait doucement l'obscurité laissant place à une nouvelle journée. J'ouvris faiblement les yeux et m'étirai les bras pour détendre mes muscles. L'inconfort d'un matelas posé directement sur le sol ne permet aucunement de se sentir parfaitement en forme. Je me suis levé péniblement après au moins quelques minutes de réflexion. Demeurant dans un silence approximativement exhaustif je me mis à chercher la femme, ladite mère qui n'était pas réellement la mienne. La bicoque ne révélait aucun signe de présence ce qui me fit soupirer de soulagement. Depuis que je suis ici, dans cet endroit ou normalement je n'ai et ne veux pas ma place, les jours se suivent et se ressemblent tous.
Je m'approche de la fenêtre posant mon front contre la vitre essayant de faire taire les voix dans ma tête. Mon esprit est un vrai champ de combat émotionnel. Trouver une solution pour retrouver mon identité qui me manque tant me semble impossible d’atteinte ce qui m'énerve. Mon chez moi me manque, mes parents, mon confort, mes habitudes, tout cela n'existe plus ici. Heureusement, ma bague même cacher au fond de ma poche m'aide à me souvenir qui je suis, car c'est la seule chose qui me reste.  
Si je restais là, toutes les questions qui tournaient sans parvenir à la moindre réponse allaient finir par me donner une belle migraine ou me rendre folle. Il me fallait de... de l'air. Oui, l'air serait parfait. Je vais marcher un peu et ensuite mon esprit s'éclaircirait peut-être. Me redressant vivement je fis volte-face et orientai mes pas droit vers la porte que j'ouvris avec assurance, mais sans la franchir. Face à moi se tenait un homme. Le petit ami de la fille que je ne suis pas. J'écarquillai de grands yeux, surprise de voir quelqu'un là et agrippai instinctivement la porte que je refermai brusquement. Coup de malchance pas de clef, bien sûr, pourquoi une maisonnette délabrée se fermerait-elle ? Mon Dieu que faire, aide moi. Commençant à partir un peu affoler vers une petite salle voisine cherchant n'importe quoi qui puisse maintenir une porte fermer ne sait on jamais, je fis halte. Il n'allait quand même pas entrer ? Bon ok peut-être que si, cependant rien des choses devant moi bloquerait une porte.

Un clic caractéristique de la porte m'indiqua qu'il était trop tard pour faire quoique se soit. L'intrus avait osé entrer, pourtant une porte fermée ça veut bien dire que la personne n'est pas invitée. C'est en tout cas ce que ça signifier sur la plateforme, mais apparemment pas ici. Décidément ce gars se croyait tout permis, le voilà maintenant qui venait se pointer là, il avait pas interet à s'aprocher.
Un peu sur la défensive à l'entente d'un nom qui m'agaçait fortement et auquel il me fallait du temps à réagir, j'essayais tout de même de remettre de l'ordre dans mes sentiments qui me surpassaient. Je bougonnais mentalement sachant malgré cela que je devais impérativement me calmer. Et comme si cela ne suffisait pas, je me retrouvais assaillie de multiples questions en moins de temps que je ne l'aurais cru. Malgré sa justification, mon effroi légèrement obscurci par mon propre jugement persistait.

- Il n'y a strictement rien à comprendre.

Je ne pris pas la peine de regarder ce Jules, Jinn. Zut, impossible de me rappeler le prénom de cet homme, l'ayant pourtant entendu un simple effort m'aurait permis de m'en souvenir, un effort que je n'avais pas envie de faire.  En fait, ma concentration était déjà pleinement occupée à chercher un moyen simple de sortir de cette salle. Il me semble bien que jamais d'aussi loin que je puisse m'en souvenir mes paroles n'eût autant de sérieux, de craintes et de véhémence douteuse qu'à l'instant où je venais de m'exprimer. Néanmoins, ma réponse fut un minimum cohérente.
Ce type me demandait ce qui m’arrivait, pourquoi je l'évitais et Dieu sait à quel point je me retenais pour ne pas m'énerver en lui envoyant la vérité en pleine face. Avec ces individus je préfère leur laisser croire ce qu'ils pensent, car... Oui, je viens d'en haut et ne suis aucune envie de courir le risque qu'ils le sachent ni d'imaginer leurs réactions. Je sais exactement ce que je dois faire, mais mon instinct reste incorrigible. Comment puis-je devenir quelqu'un où je ne suis pas et refuse d'être ?

- Euh... je ne t'évite pas. C'est juste que...  Que quoi ? J'aurais mieux fait de ne pas répondre cette question piège. J'ai souvent des choses à faire et on ne tombe pas ensemble au même endroit c'est tout.

Totalement ridicule. La pire des excuses, mais je n'en trouvais pas d'autre.

Intéressant. Si je comprenais bien cette Azenor et ce type se voyaient souvent, leurs sentiments devaient être certainement forts. Oh mon Dieu quelle sacrée horreur pour moi, moi qui suis censée être elle, et ne surtout pas me faire remarquer en ayant l'air trop... différente, quitte à faire des concessions. Cela dépassait vraiment l'entendement, il fallait que je me dépêche de comprendre le comportement à adopter, les agissements de cette fille qui m'avait enfermé dans sa vie. Couper en pleine réflexion alors que mes songes vogués vers de nouvelles hypothèses, mon poignet fut happé et je fus contrainte de me retourner.
Je levai les yeux, regardant cet étrange homme de la façon la plus neutre possible repoussant ma colère et mon envie de lui hurler dessus. Je n'en avais que faire de ses justifications et ignorais s'il monopolisait mon bras dans l'unique but de m'empêcher toute tentative de fuite, mais je n'appréciais pas cela. Gardant le silence dans l'infime espoir de le voir se décourager et quitter les lieux, j'eus l'éberlument du contact de sa main sur ma joue. C'en était trop ! Qu'il garde sa paluche avec lui au lieu de la passer sur mon visage.

- Ouais bah comme tu as dit, nous ne nous disons pas tout et alors ?

Qu'est-ce que ça pouvait lui faire ? Mon agacement et ma crainte avaient réussi à rendre mon intonation hargneuse. Sur ces mots prononcés, je fis deux pas en arrière réussissant à m'éloigner sous le prétexte de ramasser un objet, n'importe quoi. Par chance un vieux aux pages jaunis et clairsemés se trouver un peu plus loin.  Une fois le livre ramassé et m'ordonnant de sourire poliment, je tâchais de me forcer de remplacer ma négativité.

- En fait c'est nouveau. Je voulais tester.

ça ce n'était pas impossible, même dans cette charpie de bas-fond il doit bien exister des perceurs.

Monsieur l'intrus jouet le perroquet de pirate ou peut-être qu'il venait de découvrir un nouveau mot à ajouter à son vocabulaire d'habitants aquatiques de ce monde. Ce monde horrible inonder et inconfortable dont Dieu n'a pas l'air de se soucier. Je déteste ce monde. En plein milieu de ce que l'on aurait pu, bien que difficilement, appeler une discussion parfaitement courtoise, une question lui... me fut posée. J'eus un petit sourire en coin pour je ne sais quelle raison exactement.

- Qu'est-ce qui ne va pas ?

La folie devait se mettre à me guetter probablement pour demander ce genre de choses. J'étais démasqué. Sa foutue interrogation j'en connaissais pas la réponse. Réfléchi, réfléchi, bouge. Il doutait et j'ose penser qu'en agissant calmement, camouflant le fait que je cherchais activement une solution. Gagnant du temps puisque lui aussi devait fournir une réponse si t'en est qu'il en convienne.
Faisant quelques pas non sans l'envie de me precipiter sur la porte et me résigna à rester près d'une petite fenêtre. J'avais remarqué des chiffres sur la partie intérieure du poignet de ce Jinn ou John. Cela signifiait forcément quelque chose. Un code-barres ? Possiblement ou sinon... juste des chiffres sans intérêt, mais je n'y croyais pas, ça avait un sens, rester à savoir lequel. Les autres habitants en avaient un aussi éventuellement. Si seulement j'avais fait plus fait attention. Mes plans se contrecarraient.

- Pourquoi tu me poses une pareille question ! Pourquoi John ?

Au moins s'il ne s'appelait pas ainsi, je le serais rapidement et si c'était juste et avec beaucoup de chance son doute se disperserait. J'aperçue une personne lointaine, mais pas son poignet. La bonne blague, ou était-il né. Je me retournai observant mon interlocuteur croisant mes bras et pliant les yeux.

- Et si tu me disais tout simplement ce que tu penses.

Non,non, mais pourquoi se mettait-il à avancer vers moi ? Qu'il garde ses pieds loin là-bas. Puis c'était quoi cette manie de toujours venir vers moi ? Pire même attraper mes bras. Une nouvelle fois ma peur me contrôlait. Il me donnait son avis, mais non de Zeus ! Qu'est-ce que j'en avais à secouer qu'un étranger me dise ouvertement que cela ne m'allait pas, mes oreilles étaient ainsi depuis vingt ans point final. Pas déçue, surtout offusquer que ce sauvageon tienne mes bras, cependant ce qui suivit était encore plus... plus... abominable. Qu'il aille se faire soigner ce fou. Ouais voilà en fait ce gars avait dû sérieusement trop boire de tasses dans ce monde polluer.

- Mais ça va pas bien non !


Qu'il dégage avec son sourire. Mon visage se renfrogna avec une moue à la limite du dégout tandis que je fis un mouvement pour me défaire de ses grandes mains toujours placées sur mes bras. Une menace tomba et sans réfléchir ma réplique fut immédiate, sans prévoyance.

- Ce que moi j'ai fait ?


Mes yeux s'agrandirent et ma respiration se coupa presque. Je me souvenais de plein de choses, des conversations entendues dans l’hélicoptère, parfois dans les couloirs de Biotechn. Ma vision se s'estomper derrière un ramassis de larmes attendant seulement de perler sur mes joues. Mon cerveau était confus, il y avait ces conversations sur les gens du bas et leur brutalité, leur méchanceté et cette joie incompréhensible. En réalité je ne sais si le mieux était que je continue de jouer la comédie ou que je balance tout. Toute la vérité, mais pour finir noyer ou trancher ? Non, j'y renonçais. Mes bras étaient libres et je joignis mes mains prient je ne serais dire quoi exactement, n'importe quoi qui puisse me donner du courage. Je déglutis et balbutie faiblement en agrippant un truc au hasard derrière moi.

- J'ai rien... rien demander moi alors arrête.


Peut-importe la chose dans ma main, je l'abatis à travers le visage de ce John avant de voir un amas de feuilles. Me fichant royalement du résultat, mon but étant de le repousser, j'en profitai pour prendre la poudre d'escampette. Pas le temps de le désarmer, juste m'enfuir, car le temps me manquait pour faire plus je le savais. Le problème c'est qu'avec aucun vrai meuble il n'y avait pas de cachette et je me retrouvais dans une nouvelle salle que depuis mon arriver ici, je désignai comme la salle à manger ou le séjour, mais fallait que j'atteigne la porte d'entrer alors tant paniquer que peureuse en entendant du bruit, je stoppai mes mouvements et me réfugiai derrière une sorte de fauteuil en très mauvais état.

Pleinement consciente qu'un vieux faux fauteuil n'assurerait pas longtemps ma protection, je m'attelais à adopter la solution adéquate sans rien laisser au hasard, du moins pas volontairement. La sécurité ici ne se présenter sous aucune forme. était-ce donc un mot leur étant méconnu ?
Le battement dans mes tempes aussi rapide que ceux de mon coeur raisonnaient dans mon esprit comme une "t'es piégé". Par tous les saints que ce type ferme son orifice buccal au lieu de dire des balivernes. Ce mystificateur avait réussi à briser mon masque parfait de fille d'ici, mais cependant il me restait bien des avantages. Oh, le voila qu'il promettait de ne pas me faire de mal. Bien sûr, les gens pointant un couteau vers vous n'ont pas l'intention de faire de mal. Belzébuth aurait pu éclater de rire à voir une personne aussi prétentieuse. Cet espèce de triton maléfique me croyait naïve, soit. Si c'est ainsi j'en prendrait l'air.
Je devais absolument retrouver ma vie et cela par tout les moyens possibles. Cette situation ne m'enchantait pas le moins du monde. Ni une ni deux, je sorti brusquement de ma cachète.

- Ouais, vous voulez parler de cette fille schizophrène qui sort des discours d'on ne sait où ?

Vouvoyer les gens était une vieille habitude qui m'accrochait depuis petite même si parfois sous le coup de la colère elle fessait pas surface. Je me déplaçai dans la salle puis m'immobilisai laissant oralement divaguer toutes mes pensées me fichant éperdument de dire des choses impertinentes, car c'était avant tout la vérité.

- Moi aussi je veux savoir des choses et pourtant je ne les sais pas. Puis comme cet endroit-là, ça ressemble à... à rien.

Méfiance avant tout, je restais loin de ce type qui ne m'inspirait pas confiance. Que voulait-il exactement ?

Mon oeil oui, si cette fille n'était pas folle alors pourquoi avoir agi ainsi avec moi ? J'observais couramment des drôles de comportements lier à ces gens lors des missions en hélicoptère effectuer par le passé et cette Azenor est la première à être venue jusqu'à moi. De plus pas grand monde osé aussi facilement échanger sa place avec une personne et cela en sachant forcement d'ou je venais et mon métier. En y réfléchissant bien son petit discours sur la possibilité que je sois sa soeur m'éveiller une curiosité toute nouvelle à laquelle je n'accorder bien évidemment aucune importance.

- Alors qu'est-ce qu'elle est ?

Mince, pensée hâtive exprimer à trop haute voix. Tant pis. J'aurais probablement une réponse et pourrais un peu plus en savoir sur cette usurpatrice d'identité et de matériel. Je soupirai d'exaspération puis me retournai pour le fixer. En fait il n'avait pas compris grand-chose, seulement que je n'étais pas son Azenor, mais pas le reste. Voilà qui me rassurait fortement.
Dans les livres comme dans les films j'entendais souvent qu'en territoire inconnu ou ennemi fallait divulguer le moins d'information possible et en apprendre le plus. Cela était convenable dans mon cas. Je ne voulais de toute manière pas répondre à ses questions, parce que je suis certaine de n'être qu'un passe. Que compté-t-il faire une fois là-haut ? Et si tout ceci n'était qu'un plan pour justement arriver sur la plateforme.

- Et vous, vous êtes qui exactement ? C'est quoi ce tatouage à votre poignet ?

Cela m'intriguait. Tant qu'à faire autant savoir qui était ce John. En ce qui concerne la confiance cela semblait possiblement gagner d'apparence, mais rien de concret.

Non de Zeus qu'avais-je donc fait de mal pour que sans cesse on me compare avec cette fille. Je fronçai les sourcils secouant doucement la tête pour chasser le nuage semant le trouble dans ma pauvre mémoire. S'agissait-il d'un subterfuge ?

- Lorsqu'elles étaient enfants.  

Ce murmure en écho me perdit encore plus profondément. J'étais adoptée, je le savais de façon indéniable depuis mon année en A5. Cela ne signifiait pas que la première personne me désignant comme telle personne avait raison. Pas le temps de penser à ça. Je me ressaisis en rebondissant sur cette interrogation.
Oh, monsieur s'inquiéter pour sa petite chérie voleuse d'identité. Mentir ne jouerait pas en ma faveur alors à quoi bon cacher la vérité. Même fuir pour l'heure ne me préoccuper plus.

- Quoi, alors elle ne vous a rien dit ? Je suppose que tout le monde la prend pour moi et croyez le ou non, c'est tout en son intérêt... dans le cas inverse...  

Je m’interrompis. Valait mieux pas savoir ce qui pouvait arriver dans ce cas. Après tout, les gens du bas peuvent avoir toute sortes de maladie, peut-être même des nouvelles qui n'existaient pas avant la grande inondation. Tiens donc, un résistant avec sa date tatouée sur le bras. C'était tout de même le genre d'idée stupide.
Je fit des pas en direction du canapé et m'arrêta derrière au sens opposer de là ou était assis John.

- Et... vous comptez faire quoi maintenant ?  

Chercher une personne là en haut était compliquée d'ici, surtout lorsque là personne en question y est monté d'elle même. D'autre part, je doute sérieusement qu'elle ait l'intention de reprendre sa place et hors de question que moi je reste ici pour toujours.